La pâtisserie est sortie du bois. Elle a arpenté le chemin parcouru tantôt par la cuisine et a acquis son indépendance. Elle est désormais reconnue dans les restaurants et dans la société comme un objet gastronomique à part entière. Dans le même temps, elle est devenue un objet médiatique et de mode.
Longtemps restés inconnus, considérés comme un simple rouage dans la machine de la gastronomie, les pâtissiers ont récemment gagnés en visibilité. D’ouvriers, œuvrant en coulisses, ils sont devenus stars. Une transmutation bénéfique, en considérant la croissance de l’offre sucrée, de son originalité et bien souvent de sa qualité. Si cette profession a su se positionner sur la place publique en quelques décennies, alors que celle des cuisiniers a mis plusieurs siècles, c’est qu’ils ont su s’imposer. Ils ont utilisé tous les médias à leur disposition pour se faire entendre.
Or cette médiatisation s’est accélérée ces dernières années. Presse, télé, et blogs déclinent désormais leur propositions culinaires au sucré. Ainsi de grands pâtissiers comme Christophe Felder, Pierre Hermé ou encore Philippe Conticini, pour ne citer qu’eux, publient des ouvrages rassemblant leurs meilleures recettes. Les programmes télévisés suivent la même voie, notamment avec M6 et son récent concours « Le meilleur pâtissier ». La même chaine a promis pour bientôt une émission intitulée « la meilleure boulangerie de France ».
La pâtisserie ou le nouveau sac à main à la mode
Objet médiatique, la pâtisserie est aussi devenu un objet de luxe, dotée d’une modèle de commercialisation basé sur celui de la haute-couture. Ainsi Ladurée remplit ses boutiques de boîtes au design soigné, Fauchon décline ses pâtisseries selon des « saisons » (idée également pertinente du point de vue de la fraicheur des produits) et les boutiques spécialisées dans le mono-produit ouvrent les unes après les autres. Des produits comme les choux ou les éclairs, déclinés à toutes les sauces, et souvent estampillé du nom (devenu marque) d’un pâtissier qui, après être passé dans les cuisines d’une grande adresse, s’est installé à son compte.
Dernière date a avoir marqué le monde de cette haute-couture pâtissière: l’arrivée d’un nouveau pâtissier au Meurice. Vendredi dernier de nombreux blogueurs et journalistes ont été invités à gouter les créations de Cédric Grolet. Aujourd’hui le fait de taper le nom de ce jeune homme de 27 ans sur un moteur de recherche conduit instantanément à une dizaine d’articles relatant (et louant) cette journée. Savamment orchestré, l’évènement s’impose sur la sphère médiatico-culinaire depuis près d’une semaine. Pourtant certains participants à cette dégustation jugent que les pâtisseries, bien que d’excellente facture, ne sont pas forcément à la mesure de la publicité qui leur a été faite.